Le Mardi 8 décembre
Cette fois, c'est décidé, après trois années dans cette société ridicule, j'ai décidé de démissionner.
J'ai envie d'en profiter pour coucher sur clavier cette expérience, peut être que cela pourra me servir plus tard, je n'en sais rien. Dans tous els cas, je n'ai pas envie d'oublier cette sensation de liberté.
Je viens d'écrire ma lettre, je l'ai datée, imprimée, j'ai demandé un rendez vous à ma N+1 : Je ne peux plus reculer.
Impossible de travailler en attendant le rendez vous, je me sens obligée de me remémorer le coté négatif de ces trois années : Le manque de perspective d'évolution, de considération pour mon travail voire même un certain dédain de certaines personnes. Lors de l'entretien, cela est sorti, en toute sincérité, brutalement.
" Je m'ennuie dans mon travail, peu intéressant. J'ai demandé plusieurs fois à monter en compétences dans la qualité par exemple mais pas de besoin à priori…
Salaire proposé pour le poste est beaucoup trop bas. Je gagnerais plus à enfiler des manchons sur du cable à la prod', et j'aurais vraiment moins de fatigue mentale, de stress au quotidien…
En plus, mes compétences ont été déployées depuis plusieurs années : il y a de plus en plus de choses que je dois gérer seule sans que cela soit valorisé. Merde quoi, je suis payée moins que ma collègue qui ne fait pas la moitié de mon taf !
Je ne pense pas être une moins que rien, je trouve des solutions pour tout le monde, sans cesse.
Résultat = une demande d'augmentation de salaire sans entretien, validation par un PDG qui ne m'apprécie pas, qui crache sur moi dans mon dos (Epi ? Oue, oue, elle bosse bien.. Quand elle est la !) pour avoir quoi, 3% 5% de mon brut? Cela ne me suffit pas.
Mes arrêts maladies ont été et sont encore source de pression alors que je n'ai jamais rechigné à faire des heures et à donner pour la société : l'année dernière encore, j'étais celle qui faisait couler le service client à tes yeux après avoir été arrêté 4 jours pour une grippe alors que je venais de faire mon vaccin, juste après mon mi temps thérapeutique… pris pour revenir au travail après une huitième tentative de suicide…
Je suis revenue plus tot que prévu de mon arrêt cet été, arrêt maladie due à une fracture du coude, pas à une petite déprime hein, contre l'avis de mon chirurgien car il voulait savoir si la tête radiale allait bien se remettre. Dans la lettre donnée à la médecine du travail, le poste de travail devait être revu afin que je ne souffre pas trop = résultat néant.
L'entreprise, ton management pitoyable reposant sur un faux rapport à l'humain m'a usé et dégouté du travail."
Je n'ai pas osé lui dire que je n'avais rien. Je ne voulais pas lui donner plus d'importance. Probablement peur aussi de passer pour une faible car ces vieilles biques, cela fait plus de 10 ans qu'elles sont dans cette boite. J'ai alors imaginé le poste parfait et le lui ai décrit. Elle m'a félicité, ne paraissait pas étonnée, ni déçue. Elle avait juste l'air de s'en foutre. En bonne peste, elle m'a comparé à Françoise : "C'est vrai qu'il nous faut quelqu'un de beaucoup plus opérationnel, comme Françoise, qui ne réfléchit pas et fonce." "Tu es trop diplômée, intelligente pour ce poste, il te faut quelque chose de mieux, je suis contente pour toi, moi même je chercher ailleurs…Tu t'en va quand ?"
Un soulagement m'a envahi, puis une envie de fête, d'apéro et de rire.